Les caractéristiques climatiques, orographiques et pédologiques de la région du Douro conditionnent l''exploitation économique des ressources naturelles et les activités qui y sont développées.
L’existence de nombreux vins de qualité dans la région délimitée du Douro a imposé la création d’un critère de sélection et le partage des moûts qui y sont produits.
C''est pourquoi, sur la totalité des terrains occupés par les vignobles, seuls 26 000 hectares sont autorisés à produire du porto. Les vignes homologuées sont sélectionnées selon un critère de qualité reposant sur la méthode de ponctuation, et classées selon une échelle de qualité allant de A à F. Cette méthode tient compte des paramètres pédologiques, climatiques et culturaux dont l''influence sur la qualité potentielle des parcelles est déterminante. Ce n''est qu''au terme de leur 5ème année que les vignobles peuvent envisager de produire du vin de Porto et que, conformément aux dispositions du registre foncier, chaque parcelle de vigne se voit attribuer un coefficient de production de moût.
La viticulture représente la principale activité de la majorité des agriculteurs de la région et s''effectue dans des conditions climatiques particulièrement hostiles, sur des sols rocailleux qui n''offrent aucune alternative possible.
Pour planter des vignobles dans cette région, il a fallu recourir à des techniques d''aménagement du terrain en terrasses dans les zones où l''inclinaison de la pente est la plus accentuée. Les modes de conduite de la vigne sont la solution trouvée pour que les sols et le climat s''adaptent au mieux aux besoins de la plante tout en répondant aux objectifs de production.
La culture de la vigne est exclusive dans la plupart des cas, bien qu''elle coexiste parfois avec celle de l’amandier ou de l''olivier en bordure des parcelles.
Critères de classement des parcelles méthode de ponctuation
Eléments pédologiques et
climatiques considérés |
Ponctuation minimum
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Ponctuation maximum
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Localisation
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-50
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600
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Altitude
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-900
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240
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Inclinaison
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1
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101
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Roche-mère
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-400
|
100
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Eléments grossiers
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0
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80
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Exposition
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-30
|
100
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Abri
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0
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60
|
Éléments culturaux
|
|
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Rendement
|
0
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120
|
Encépagement
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-150
|
150
|
Densité des plantations
|
0
|
50
|
Mode de conduite
|
0
|
100
|
Âge
|
0
|
60
|
Classement des immeubles
Classe
|
Ponctuation
|
A
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>1200 |
B
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entre 1001 et 1200 points |
C
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entre 801 et 1000 points |
D
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entre 601 et 800 points |
E
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entre 401 et 600 points |
F
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entre 201 et 400 points |
Aménagement du sol
L''homme a joué un rôle fondamental dans la création de ces terrasses si caractéristique de la région.
Avant la crise du phylloxéra, fléau survenant pour la première fois dans la région en 1862, les vignes étaient plantées sur de petites terrasses irrégulières, étayées par des murets où s''alignaient 1 à 2 rangées de vignes. Ces terrasses étaient percées à flanc de coteau, du bas vers le haut, alors que les murets étaient construits avec les pierres trouvées sur place, dont la hauteur dépendait de l''inclinaison de la parcelle. L''espace pour labourer la terre était ainsi réduit sur des parcelles où la densité de plantation pouvait atteindre 3 000 à 3 500 pieds par hectare.
Le phylloxéra est un insecte qui provoque d’importants dégâts sur les vignes européennes, d''autant que les moyens chimiques pour attaquer ce fléau laissent fort à désirer. La méthode consistant à injecter du sulfure de carbone dans le sol a été employée dans le passé de façon assez probante mais, s’est avérée peu efficace à certains endroits. Aussi, pour déjouer ces difficultés, utilise-t-on des porte-greffes résistants (espèces américaines).
Ces petites terrasses ont fini par être abandonnées et sont aujourd''hui laissées en ''jachère'' (mortórios).
Une fois la crise de phylloxéra passée, de nouvelles terrasses, plus larges et plus inclinées, avec ou sans mur de support et permettant une plus grande densité de pieds (près de 6 000 plantes/ha) ont été construites. C''est à cette même époque que l''on commence également à planter des vignes sur des pentes naturelles en suivant l''inclinaison du terrain. La mécanisation est alors impossible car les voies d''accès aux vignobles sont rares, voire inexistantes, et que l''inclinaison latérale est associée à une plantation à forte densité.
Toutefois, les coûts de main d''œuvre élevés de cette technique conduisent à l’abandon progressif de ce type de vigne.
L''introduction de la mécanisation dans la région impose de nouvelles formes d''aménagement du terrain.
C''est à la fin des années 60 et au début des années 70 qu''un nouveau système d''exploitation apparaît dans la région. Il s''agit d’un dénivelé horizontal formant des seuils avec des talus de terre, supportant 1 à 2 rangées de vignes et une faible densité de pieds, de l''ordre de 3 000 à 3 500 ceps par hectare. La bonne mise en œuvre de ce système requiert des parcelles de grande dimension, raison pour laquelle il ne convient pas aux zones où prédominent les petites exploitations agricoles (minifúndios).
Plus récemment, comme alternative au système de niveaux, certaines vignes ont été plantées dans le sens de la plus forte inclinaison de terrain (Vinha do Alto). Avec une densité de plantation de 4 500 à 5 000 ceps par hectare, ce système s''adapte bien aux petites parcelles et permet le travail mécanisé grâce à l’utilisation de treuils ou, dans les inclinaisons de plus de 40% de la traction directe à l''aide de bouteurs dozer.
Modes de conduite
Traditionnellement, les vignobles de la région sont plantés selon un mode de conduite peu élevé. Le type le plus répandu est le Guyot simple et double avec fils unilatéraux ou bilatéraux, ces derniers étant prédominants dans les nouvelles plantations. Il existe également des treilles dans certaines zones, mais il ne s''agit pas d''une méthode couramment utilisée dans la région, ni autorisée pour la production de porto.
Modes de conduite
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N° de bourgeons/ceps
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Type d''émondage
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Guyot simple |
5 - 6
|
Court
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Guyot double |
8 - 12
|
Mixte
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Cordon simple |
8
|
Mixte
|
Cordon double |
12
|
Mixte
|
Bien que dans les vignobles traditionnels, les plants atteignent environ 1 mètre, la hauteur de l''échalassement actuel est passé à 1,30 - 1,60 mètres. Le palissage comporte un premier fil à 0,6 m du sol, puis un second fil, simple ou double, à 30-35 cm pour servir d''appui aux pampres et enfin un dernier fil, placé en hauteur, à 1,40 - 1,50 mètres du sol.
Pratiques culturales
Si les opérations culturales (bêcher, scarifier, sarcler, biner, échalasser, épointer, fertiliser, appliquer les traitements phytosanitaires, tailler et greffer) sont les mêmes que celles des autres régions vinicoles, convenons que les conditions climatiques et la nature particulièrement accidentée du terrain les rendent beaucoup plus pénibles dans le Douro.
Lutte contre les mauvaises herbes
Techniques mixtes où le labour (mécanisé dans les vignes qui le permettent) est alterné avec l''application d’herbicides : en règle générale, deux interventions avec un herbicide et deux ou trois interventions mécaniques.
Pratiques aratoires - Les viticulteurs qui ne pratiquent que le labourage des sols sans jamais utiliser d''herbicides sont peu nombreux. La plupart appliquent les herbicides dans les rangées de vignes et/ou sur les talus et retournent la terre entre les rangées.
Opérations culturales
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Jan
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Fév
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Mar
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Avr
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Mai
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Juin
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Juil
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Août
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Sep
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Oct
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Nov
|
Déc
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Fertilisation |
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x
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x
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Palissage |
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x
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x
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x
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Bêchage |
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x
|
x
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Maturation/vendanges |
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x
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x
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x
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Epamprage |
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|
x
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Epointage |
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|
x
|
x
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Echalassement |
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x
|
x
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Greffage |
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x
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Labourage |
x
|
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x
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Application d’herbicides |
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x
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x
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|
|
x
|
x
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Taille et émondage |
x
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x
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x
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Binage |
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x
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x
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Replantation |
x
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x
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Trait.phytosanitaire |
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x
|
x
|
x
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Cépages
L''extrême diversité des cépages que l’on trouve dans le Douro, capables de s''adapter à différentes conditions climatiques, prouve que la région réunit d’excellentes conditions pour la culture viticole. Les cépages, dans leur majorité autochtones, sont greffés sur plusieurs porte-greffes, sélectionnés pour leur qualité d''adaptation au cépage et aux caractéristiques du terrain.
L’encépagement de la région, à l’instar de toutes les autres régions délimitées, est réglementé par un décret-loi où figurent tous les cépages autorisés et recommandés ainsi que leurs pourcentages respectifs.
De nos jours, les nouvelles plantations préfèrent se limiter à un petit nombre de cépages, choisis pour leurs spécificités. Parmi les cépages rouges, citons le Tinta Amarela, le Tinta Barroca, Tinta Roriz, Touriga Francesa, Touriga Nacional et le Tinto Cão. Les principaux cépages blancs sont le Malvasia Fina, le Viosinho, le Donzelinho et le Gouveio.
Quant à la productivité, il faut bien reconnaître que les cépages de la région ne s''en préoccupent guère. En effet, le plus haut rendement autorisé est de 55hl/ha (près de 7 500 kg/ha). La productivité moyenne s''élève à environ 30hl/ha (4 100 kg/ha).
Cépages blancs
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Cépages rouges
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Min. 60%
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Max. 40%
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Min. 60%
|
Max. 40%
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Esgana Cão | Arinto | Bastardo | Cornifesto |
Folgasão | Boal | Mourisco Tinto | Donzelinho |
Gouveio ou Verdelho | Cercial | Tinta Amarela | Malvasia |
Malvasia Fina | Côdega | Tinta Barroca | Periquita |
Rabigato | Malvasia Corada | Tinta Francisca | Rufete |
Viosinho | Moscatel Galego | Tinta Roriz | Tinta Barca |
Donzelinho Branco | Tinto Cão | ||
Samarrinho | Touriga Francesa | ||
Touriga Nacional |
Porte-greffe
Après la crise du phylloxéra, le porte-greffe le plus répandu était le Rupestris du Lot. Plus tard, furent employés des hybrides de Berlandieri et de Riparia (420-A, SO4) et des hybrides de Berlandieri et de Rupestris, comme le R 99, le R 110, le R 1103 ou encore le 196-17. Les premiers sont utilisés sur des sols plus profonds et frais tandis que les seconds préfèrent des coteaux chaux, secs et rocailleux.